La vague de réactions qu’a suscité la féminisation des panneaux de signalisations et des noms de rues m’incite à affirmer que beaucoup disent vouloir défendre le concept d’égalité de genre aujourd’hui, mais parfois de manière assez incohérente, voire peu sincère. Parfois c’est simplement une incompréhension de ce concept ! Cet engagement doit pourtant absolument se poursuivre, de manière décidée, car le combat n’est de loin pas encore gagné.
Tant des hommes que des femmes, souvent de droite, mais parfois aussi de gauche, se sont par exemple inquiété.e.x.s de la place qui restera aux hommes suite à l’amélioration de la visibilité des femmes dans l’espace public en Ville de Genève. On peut lire, en autre : « oui…mais, gare aux excès » et « oui…mais, la manière me choque » ou encore on qualifie les projets « d’inutile et dispendieux ».
Une personnalité politique qui se reconnaîtra peut-être va jusqu’à affirmer que la visibilité donnée aux femmes ne doit pas se faire « au détriment des hommes ».
Ces réactions, révélatrices d’un état de panique irrationnel, et surtout d’une vraie peur de perdre de la visibilité et de l’espace, donc du pouvoir, me laissent tant perplexe que choqué. Elles constituent paradoxalement la preuve incontestable que ces mesures sont adéquates, utiles et nécessaires. Non suffisantes bien sûr, mais Sandrine Salerno n’a jamais affirmé autre chose que le fait qu’il s’agit d’une action symbolique dans le cadre d’une politique bien plus large de l’engagement municipal pour l’égalité et la diversité, menée depuis des années par le Conseil administratif de la Ville de Genève.
Historiquement les politiques réformistes soutenant l’existence des femmes dans l’espace public sont attaquées. Elles dérangent car elles remettent en cause la socialisation genrée de nos sociétés, tellement intégrée dans les mentalités que trop de gens ne s’étonnent pas du tout de la place substantielle accordée aux hommes dans plein de domaines et de l’invisibilisation des femmes qui en résulte.
Il y a à peine plus de 60 ans le vote des femmes semblait inconcevable en Suisse. Il y a encore un peu moins de 20 ans, un exécutif sans membres féminins n’aurait choqué personne. De même, au début dans années 2000, le pourcentage de femmes cadres restait négligeable.
C’est grâce à des politiques volontairement genrées et des réponses systémiques – changements législatifs, quotas sur les listes, suivi des carrières féminines, encouragements à s’investir, valorisation des temps partiels, solutions de garde pour les enfants, etc. – que la situation commence à s’améliorer.
Pour chaque poste à responsabilité à repourvoir, chaque rue à nommer et chaque personne à élire, il existe une femme qui est aussi engagée, capable et expérimentée qu’un homme. Antonio Hodgers, en tant que responsable du Département en charge de la nomenclature des rues, rappelait lors de la conférence de presse que l’argument disant « Oui mais il n’y a pas assez de femmes connues pour nommer des rues à leur nom » tombait très vite si on menait une recherche adéquate. C’est de notre responsabilité collective de créer des structures d’opportunités non biaisées pour permettre ce changement.
En ce 8 mars 2020, il faut rappeler que l’égalité de genre est une revendication réparatrice essentielle qui nécessite une redistribution du pouvoir entre les femmes et les hommes. Ce changement de paradigme peut faire peur à certains mais je suis confiant que, malgré les réticences, c’est la voie à suivre et c’est la voie qui sera suivie. Les femmes comme les hommes ont en réalité tout à y gagner, à ouvrir leur champ des possibles.
On doit concevoir le renforcement de la position des femmes dans notre société et la réalisation de l’égalité de genre comme un rééquilibrage nécessaire et salutaire pour notre Ville et c’est dans cet esprit que ma collègue Sandrine Salerno et moi avons travaillé ensemble durant les deux dernières législatures. C’est dans ce cadre que sont nés la Semaine de l’Egalité (actuellement en cours, 10ème édition !), le plan d’action Genre & sport, les différentes campagnes de lutte contre le sexisme, le plan de lutte contre le harcèlement de rue, mais aussi que des soutiens ont pu se développer, comme celui au Festival Les Créatives, tellement important sur la scène culturelle. Citons également les actions spécifiques menées par Sandrine Salerno en tant que Maire, comme cette collaboration avec le collectif l’Escouade autour des noms de rue. Tout ceci et nombre d’autres actions, s’inscrivent dans une politique municipale de promotion de l’égalité et de la diversité qui a été exemplaire et novatrice en tant que collectivité publique et qui l’est toujours.
En cette journée internationale des femmes, je m’engage à continuer de mener ce combat pour l’égalité entre femmes et hommes en Ville de Genève lors de la législature 2020-25, avec un esprit ouvert et plein d’espoir.
Je souhaite un magnifique et combatif 8 Mars à vous tout.e.x.s
2 commentaires