[texte paru dans le quotidien le Courrier du 11 septembre 2024]
Depuis 2019[i], j’ai tenu à mettre en place une politique de transition numérique pour la Ville de Genève. Sortir du « smart city », des effets d’annonce et des gadgets technologiques me semblait en effet une nécessité, face à l’enjeu immense que représente la transition numérique pour une collectivité publique et pour la population en général.
Nous avons donc mis en place une politique publique basée sur 4 piliers forts[ii]. La responsabilité (durabilité environnementale tout autant qu’éthique des données, par exemple), l’innovation technologique tout comme la créativité artistique (avec les premiers soutiens suisses exclusivement dédiés aux arts numériques), l’inclusion (lutte contre la fracture numérique mais aussi le développement d’une compréhension des risques et enjeux du domaine) et enfin la transformation de l’administration elle-même.
J’entends aujourd’hui une crainte de voir les services publics entièrement « numérisés », sans un accès humain, via un guichet physique ou au téléphone, par exemple. Celle-ci n’a en tous cas pas lieu d’être pour la majorité politique actuelle en Ville de Genève, bien consciente que le mirage du grand remplacement par le tout-numérique n’est ni souhaitable, ni un moyen d’économiser des ressources en lui-même. La Constitution genevoise garantit d’ailleurs – à la suite d’une votation populaire – un droit à l’intégrité numérique… pour l’instant pas encore concrétisé par une base légale.
Mais sur le fond, je tenais aussi à rappeler qu’il ne faut pas opposer l’amélioration de l’efficacité de l’administration (en utilisant les outils numériques pour moderniser les processus courants, ou pour absorber un surcroît de travail due à l’augmentation des besoins, ou encore pour faciliter l’accès à certaines prestations, par exemple) et celle des services à la population. Les deux vont de pair.
Lorsque les employées et employés de la Ville de Genève peuvent travailler plus efficacement avec les bons outils et des processus administratifs simplifiés, elles et ils seront plus à même de délivrer des prestations publiques de qualité. Il nous faut donc travailler à cette amélioration tout en veillant à maintenir une véritable culture du service au public, en présentiel, dans les lieux de l’action municipale, qu’ils soient sociaux, sportifs ou culturels, par exemple. Le numérique s’ancrera ainsi dans un développement avant tout humain, proche des habitant.e.s et soucieux de la facilité d’accès pour chacune et chacun.
[i] https://www.geneve.ch/actualites/charte-valeurs-numerique-villes-genevoises
[ii] https://www.geneve.ch/autorites-administration/administration-municipale/departement-culture-transition-numerique/politique-numerique
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