Un budget 2024 voté en Ville de Genève avec de belles avancées pour le domaine culturel, une entrée en vigueur le 1er janvier 2024 de la Loi cantonale pour la Promotion de la Cuture et de la Création Artistique, des données qualitatives et quantitatives réjouissantes sur l’appétit de culture de la population genevoise, une belle série de Prix fédéraux pour des artistes de Genève, des chantiers importants qui démarrent en matière d’infrastructures, des nominations faites ou prochaines qui sont prometteuses : Que du bonheur, comme disait l’autre ? L’année 2024 a commencé sous des auspices particulièrement stimulantes et encourageantes, ce qui nous donne d’autant plus la responsabilité de saisir ces opportunités et de relever les défis qui se présentent à nous.
Ainsi, et c’est fort réjouissant, le budget finalement voté au Conseil municipal de la Ville de Genève pour 2024 a pu, grâce à une embellie des recettes fiscales, permettre de couvrir non seulement des besoins vitaux dans le domaine de l’action sociale ou de l’urgence climatique mais aussi de prendre en compte des besoins avérés dans le domaine culturel. Il serait trop long de lister ici toutes les augmentations de manière détaillée ; elles s’inscrivent dans des axes prioritaires suivants qui correspondent à la Feuille de route que j’ai définie pour mon département et au Programme de législature du Conseil administratif :
- Rémunération plus équitable du travail professionnel des artistes et autres métiers de la culture et soutien à un climat de travail digne et respectueux (par exemple avec le plan de lutte contre le harcèlement et le soutien à la Hotline pour les cas concrets d’abus)
- Contribution aux enjeux de l’urgence climatique et environnementale (plan “PACE”, par ex le soutien à la transition écologique des organisations culturelles, ou les moyens pour la préservation de la biodiversité en milieu urbain)
- Soutien à toute la diversité et la richesse du tissu créatif genevois, avec notamment un renforcement considérable des moyens dévolus à la musique, toutes formes confondues (par exemple pour PTR, Kalvingrad, Gli Angeli, l’OCG, les Athénéennes, les Saisons Bleues, Groove&Move, la salle du Groove, etc.), mais aussi les art de la scène (Théâtre du Loup et moyens pour la danse) et le cinéma (Black Movie, « Palestine Filmer C’est exister » et Everybody’s Perfect)
- Action pionnière en matière de soutien à la création numérique avec le triplement de la ligne dévolue à ce soutien, de 100’000 à 300’000 francs
- Gestion dynamique et responsable de nos collections patrimoniales (par exemple un crédit de 250’000 francs pour soutenir la recherche de provenance pour des questions déontologiques)
De plus, les organisations culturelles bénéficient en 2024 comme toutes les autres entités subventionnées par la Ville d’une indexation des contributions de 2%, vu qu’elles subissent aussi les effets du renchérissement dans tous les domaines. Il n’y a pas de raison d’indexer uniquement le personnel de la fonction publique et je m’engage depuis plusieurs années pour pérenniser ce principe, selon des modalités à préciser.
Ces moyens budgétaires accrus constituent un choix politique assumé de la Ville de Genève de reconnaître la richesse, la diversité et la qualité du tissu culturel genevois, et de l’accompagner dans son évolution et face aux défis qui le concernent pleinement, en lien avec les axes prioritaires cités ci-dessus. Il y a également une volonté partagée et très manifeste sur le terrain de renforcer les démarches visant à développer la participation culturelle dans la population. Je reviendrai ultérieurement dans d’autres billets sur ce site pour en parler car ces thématiques sont essentielles et en pleine évolution.
Juste là, je tiens à relever un autre changement structurant pour le paysage culturel genevois, qui est passé presque inaperçu hors du milieu concerné. La nouvelle Loi cantonale pour la Promotion de la Cuture et de la Création Artistique (LPCCA) est entrée en vigueur le 1er janvier, concrétisant ainsi la volonté populaire exprimée en mai 2019 à plus de 83% pour une politique culturelle cohérente et concertée sur le territoire genevois, impliquant un engagement politique et financier nettement plus marqué du Canton. A ce jour, le Canton tient ses engagements qui découlent de la LPCCA et de l’Accord culture signé le 8 décembre 2022 entre le Canton, l’ACG et la Ville de Genève, si on considère la deuxième tranche de moyens supplémentaires de 3.3 millions pour la culture votés par le Grand Conseil dans le budget 2024 du Canton, suite à une première tranche de 1.1 million votés dans le budget 2023, sans compter d’autres moyens accordés en plus par le Grand Conseil hors enveloppe de l’Accord culture (soutien au livre à et à l’édition, OCG, Cinéforom, etc.). J’insiste sur cette dynamique car encore maintenant il faut faire face à une certaine incrédulité au sein des rangs du Conseil municipal, tous groupes confondus, sur la volonté réelle du Canton de tenir ses engagements. Une des prochaines étapes sera le dépôt par le Conseil d’Etat d’un projet de loi au Grand Conseil portant sur la participation à hauteur de 8 millions de francs au crédit d’investissement pour la rénovation complète de la machinerie du Grand Théâtre, crédit global de 44 millions de francs avec 20 millions de contribution d’une Fondation privée genevoise et 4 millions du Fonds intercommunal.
Il ne faut surtout pas sous-estimer le travail considérable qui nous attend les uns et les autres pour la mise en œuvre plus complète de cet accord et de son volet budgétaire ainsi que de la LPCCA : dispositif de coordination politique et opérationnelle, mise au point d’une Stratégie partagée de politique culturelle entre collectivités publiques et concertation avec le milieu professionnel, conventions partagées pour de nombreuses entités subventionnées, moyens accrus pour la diffusion et la participation culturelle, préparation de l’entrée du Canton à part équivalente à la Ville dans certains grandes institutions culturelles comme le Grand Théâtre et ensuite le Musée d’art et d’histoire et la Bibliothèque de Genève. Ce travail implique bien sûr aussi les autres communes, si on pense au Théâtre de Carouge ou au futur Centre Espace Concorde à Vernier. Nous nous devons de tout entreprendre pour que la volonté populaire soit respectée de manière crédible et durable. La nouvelle Loi constitue un cadre optimal pour une politique culturelle qui irrigue l’ensemble du territoire genevois (y compris sur le plan régional, là aussi j’y reviendrai) et qui renforce les moyens pour la création et la diffusion du travail des artistes de Genève, dont la capacité à rayonner au-delà de nos frontières n’est plus à démontrer : La LPCCA permettra aussi de favoriser la durabilité du travail effectué dans tous les sens du terme, et de développer les moyens pour impliquer pleinement le public. Que l’on prenne le nombre de Prix fédéraux décernés à des artistes de Genève, ou le poids économique du domaine, tout démontre que Genève non seulement investit pour la culture, avec une belle réponse du public, mais en bénéficie pleinement, y compris en termes d’emplois et de valeur ajoutée. Rappelons à cet effet l’étude sur le poids de l’Economie culturelle et créative, publiée par mon département en juin 2023, et le Symposium très suivi sur le même thème en mai 2023.
Nous avons du pain sur la planche ; ce pain est fort appétissant et autant bien le partager et l’apprécier, pour que chacun-e en profite !
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