Genève ville créative

Le blog de Sami Kanaan

  • Coup de gueule

    Ce samedi 16 septembre, je m’autorisais quelque chose que je fais très rarement, à savoir un « coup de gueule » assez énergique sur Facebook, en l’occurrence à propos de manquements divers du côté des prestations de CFF. Ceci a suscité évidemment de nombreuses réactions, très majoritairement de soutien.

    En tant qu’élu dans un exécutif municipal, celui de la 2ème ville de Suisse, j’ai certes en principe d’autres moyens de contacter les CFF et de dialoguer avec la régie fédérale, notamment pour faire passer des messages critiques. Cela étant, d’une part le débat public doit aussi avoir lieu si l’on veut que la situation évolue et, d’autre part, j’ai malheureusement l’impression que nous payons aujourd’hui (et paierons encore un bon moment !) des années, voire des décennies de négligence en matière d’investissements et d’entretien, notamment en Suisse romande. Je ne suis pas sûr que les CFF et l’Office fédéral des transports en prennent pleinement la mesure !

    Un nombre croissant de personnes choisissent le train pour leurs déplacements régionaux, nationaux et internationaux, et la région lémanique est de loin la région de Suisse qui a connu l’essor le plus massif de la fréquentation ferroviaire. Or, très clairement, l’offre n’a pas suivi (bien au contraire), ni les investissements, ni l’entretien du réseau et du matériel. Bien sûr, notre réseau reste très performant en comparaison internationale, et tant mieux, car beaucoup de gens en dépendent. Mais il coûte cher, aussi bien aux contribuables qu’aux usagères et usagers, et on peut donc attendre une qualité correspondante en échange. Or les exemples de problèmes sont malheureusement nombreux :

    • Une relation directe Genève-Bâle supprimée il y a bientôt 10 ans, soi-disant à titre provisoire (du provisoire qui dure longtemps !)
    • La relation Intercity entre Genève, Berne et Zurich allongée de 13 minutes entre Genève et Berne, en raison d’arrêts supplémentaires à Nyon et Morges, vu la suppression d’autres relations incluant ces deux gares
    • Des WC de plus en plus souvent défectueux, sans compter des rames RegioExpress qui font de longs trajets (par ex St-Maurice – Genève) avec une seule cabine de WC (très ennuyeux lorsqu’elle est hors service !)
    • Des wagons-restaurants souvent non desservis

    Et on nous annonce une nouvelle péjoration très lourde des horaires dès l’hiver 2024 en Suisse romande (réforme répondant au doux code très poétique de AC135) en raison des travaux prévus pour l’entretien du réseau, tout ce qui a été insuffisamment effectué pendant toutes ces années : suppression de la connexion directe de la ligne directe du pied du Jura vers Genève, suppression de la ligne directe Genève-Lucerne, allongement substantiel de nombreux temps de parcours et correspondances moins bonnes. Une régression catastrophique !

    A ceci s’ajoutent des problèmes beaucoup plus lourds dans les chantiers existants ou prévus, si on voit la « cacade » pour la gare de Lausanne où nos collègues vaudois et lausannois doivent assister, incrédules, à des disputes sans fin entre les CFF et l’Office fédéral des transports (OFT) présidé par l’UDC Albert Rösti, générant des retards massifs.

    Ceci est extrêmement inquiétant pour le chantier mammouth qui s’annonce pour la gare de Genève-Cornavin. Alors, oui, le Conseiller fédéral en charge de l’OFT annonce un tunnel ferroviaire entre Morges et Perroy et c’est fort réjouissant, ainsi que d’autres crédits pour la gare de Genève ou la liaison Lausanne-Berne. Mais le même Conseiller fédéral Rösti annonce en même temps une autoroute à 6 voies entre Lausanne et Genève, s’entêtant ainsi à courir après des chimères éculées et qui ont largement fait la preuve de leur incurie aux Etats-Unis et ailleurs : plus de voies d’autoroute = plus de voitures = plus de bouchons = plus de pollution, et des ressources en moins pour le ferroviaire. Une drôle de manière de favoriser le transfert modal de la route vers le rail !

    En substance, il devient impératif de donner aux CFF à la fois les ressources et l’obligation d’entretenir nettement mieux leur réseau leur matériel. Il faut également que les autorités fédérales se décident d’une part à descendre les prix pour les usagères et usagers et d’autre part se donner les moyens pour faire évoluer le réseau beaucoup plus rapidement et substantiellement, si on veut que la Suisse puisse absorber la demande. Ce sont des choix politiques indispensables !

    Je me réjouis donc de bientôt ne plus devoir faire de coup de gueule sur les réseaux sociaux !

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Sami Kanaan est Maire de Genève 2014-2015, 2018-2019 et 2020-2021, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, puis de la culture et du numérique, Président de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, Vice-président de l’Union des villes suisses et Président de l’Union des villes genevoises.

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