La grave crise sanitaire qui nous met toutes et tous à rude épreuve transforme radicalement notre quotidien, nos fonctionnements ainsi que ce que l’on croyait être des acquis individuels et collectifs, aussi bien dans notre vie privée que dans nos engagements professionnel ou politique. Cette crise exige de chacune et de chacun de s’engager pour la collectivité selon ses compétences et ses ressources ; d’autant plus quand on est élu municipal.
Évidemment, il faut d’abord et toujours honorer le travail de toutes celles et tous ceux qui sont au front ; le personnel soignant et sanitaire au sens large, y compris dans les pharmacies, mais aussi le personnel dans les magasins alimentaires et les autres secteurs nécessaires, ceux dans la logistique, la sécurité publique et privée, les transports, la poste, la voirie et le nettoyage, etc. Ces personnes n’ont d’ailleurs pas toujours des conditions adéquates de protection face à ce virus. Les employeurs privés doivent absolument prendre leurs responsabilités et renforcer leurs efforts en la matière ! Enfin, je pense qu’il faut prêter une attention particulière à celles et ceux – y compris les indépendant.e.s ou les employé.e.s précaires – dont le revenu chute brutalement en cette période.
Une crise qui exacerbe les inégalités
Comme toujours, les villes sont aux premières loges du quotidien de la population. Les règles générales ne se décident pas au niveau des communes, même pour les grandes villes; elles relèvent de la responsabilité de la Confédération, en cette période d’état d’urgence, et subsidiairement des cantons. Mais nous, à Genève comme dans les autres villes suisses, devons autant que possible adapter vite et bien notre fonctionnement pour répondre aux besoins vitaux de la population en milieu urbain.
Face à cette crise, encore plus qu’en période « normale », les conditions de travail et de confinement ne sont pas les mêmes pour tous et toutes. Lorsque l’on demande à la population de rester chez soi, une partie d’entre nous peut le faire mais pas tou.te.s ; une partie a plus d’espace ou de ressources que d’autres. Ces situations renforcent les inégalités déjà existantes ; je pense ici aux parents qui doivent faire du télétravail tout en s’occupant de leurs enfants, ou aux personnes vulnérables ou en situation précaire, que ce soit celles à faible revenu, les familles monoparentales, les sans-abri, les migrant.e.s récemment arrivé.e.s, les travailleuses et travailleurs sans engagement fixe ou sur appel, les personnes âgées seules, les personnes en situation de handicap, les personnes qui ont déjà des problèmes de santé… bref, toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soutien. Et certaines statistiques montrent que le télétravail est accessible pour 60% des personnes à haut revenu contre seulement 9% des personnes à bas revenu, dont le métier impose une présence physique sur le lieu de travail.
Solidarité et responsabilité des collectivités publiques
Heureusement, de nombreuses solidarités naturelles se sont mises en place, dans les immeubles, dans les quartiers, via les ascenseurs ou les réseaux sociaux, etc. Le rôle d’une ville comme la nôtre doit être de soutenir et compléter ces actions autant que possible, et de veiller à ce que personne ne reste au bord du chemin. En ma qualité de membre de l’exécutif de la Ville, avec mes quatre collègues, nous sommes évidemment « sur le pont » depuis fin février, avec les collaboratrices et collaborateurs de la municipalité, pour répondre à ces besoins prioritaires.
Sur mandat du Conseil administratif, tous les services de l’administration ont établi des « plans de continuité d’activité » afin de se concentrer sur les missions vitales, en tenant compte des priorités actuelles et des absences dues aux maladies ou au soutien de proches de personnes malades ou vulnérables.
Du côté de la culture et du sport, tous les événements ont dû être annulés pour des raisons légales afin d’éviter les rassemblements. Mais cet arrêt brutal d’activités a un important coût humain et financier. Dans le département que je préside, mes équipes et moi avons agi rapidement pour accompagner cette suspension d’activités aussi bien dans les théâtres, les salles de sports et les musées, et autres festivals et évènements. Cela a impliqué des arbitrages politiques, notamment sur le maintien des subventions et des commandes, afin de préserver l’existence même du tissu culturel et sportif qui se montre encore plus créatif que jamais. Les questions sont nombreuses, car nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Il faudra ensuite être capable de redémarrer vite et bien : l’action culturelle et sportive sera d’autant plus essentielle à ce moment, même si, aujourd’hui, cela paraît abstrait. J’ai souhaité entamer aussi sans attendre une réflexion sur les actions possibles dans ce contexte, comme renforcer l’offre des bibliothèques en ligne ou via livraison, développer l’offre culturelle en ligne comme évoqué au 19h30 de la RTS ce lundi soir, en fédérant de nombreux musées, festivals, scènes culturelles, autour du hashtag #CultureChezVous.
Un grand merci à la fonction publique municipale
Sur le plan municipal, l’enjeu est surtout de donner aux missions essentielles de la municipalité toutes les ressources dont elles ont besoin, notamment dans le domaine de l’action sociale au sens large : service minimal de garde dans la petite enfance et le parascolaire, accueil d’urgence (sans-abri et autres), plan communal de solidarité (par exemple pour les personnes seules et vulnérables, etc.). Ceci peut signifier des réaffectations temporaires de personnel municipal à des tâches indispensables, mais autres que celles exercées en temps normal, tout en préservant bien sûr leur santé et en limitant les risques au maximum. Ce dispositif se met en place ces jours, de même que l’alignement de toutes les ressources de communication au service de ces missions essentielles, des éléments de la chaîne logistique, ou des ressources informatiques (notamment pour le télétravail). Je rends hommage au personnel municipal qui est à pied d’œuvre dans cette période !
Depuis le déclenchement du dispositif municipal de gestion de crise, le Conseil administratif s’est d’ailleurs réuni fréquemment et demeure en contact permanent pour transposer les instructions fédérales et cantonales au fur et à mesure, mais aussi pour agir en tant que collectivité publique (protection du personnel et des usager.e.s, mesures de soutien à l’économie, mesures sociales auprès des plus précarisé.e.s, mais aussi découlant du confinement, mesures de soutien aux entités subventionnées, mesures de soutien aux parents pour les crèches, informations sur l’adaptation des prestations municipales, etc.). Ce travail doit se faire avec les associations et autres institutions auxquelles je rends aussi hommage.
Ensemble pour un engagement créatif et pragmatique
Cette période demande un engagement particulier, à la fois intensif, créatif, humble et pragmatique ! Et il faudra rapidement anticiper l’après-crise, car la facture humaine, sociale et économique sera colossale. Par ailleurs, il faudra en tirer aussi les conséquences sur le plan politique, concernant l’importance du service public et du tissu associatif, les revers de la globalisation, la répartition des ressources et la gestion des inégalités, la nécessité d’utiliser les technologies numériques à bon escient, ainsi que de la capacité à mieux anticiper les crises, qu’elles soient sociales, économiques, climatiques ou sanitaires.
En attendant, comme le martelait le Conseiller fédéral Alain Berset sur Instagram, Facebook et Twitter : restez chez vous le plus possible ! Ensemble nous devons tout entreprendre pour vaincre cette pandémie ! Ensemble nous sommes plus fort.e.s !
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