Genève ville créative

Le blog de Sami Kanaan

  • e-ID : ne bradons pas nos données

    Ce second billet de blog (après celui-ci), aborde la question de la protection des données, mais aussi l’utilisation de celles-ci et la question du modèle d’affaire d’un passeport numérique qui serait privatisé.

    Sur la question de la protection des données personnelles, il faut tout d’abord se rendre compte qu’en réalité, une e-ID n’est absolument pas nécessaire par exemple pour du commerce en ligne. Dans ces cas, aucune pièce de légitimation n’est requise. Notre passeport numérique devra aussi être utilisable en ligne sur des sites privés (de la même manière qu’on montre actuellement notre passeport physique pour certains services), mais ce n’est pas vraiment le sujet. Nous votons sur une loi qui tente de créer un login universel qui pourrait être utilisé sur le plus de sites web possible. Alléchant. Et là encore on retrouve l’identification par Facebook ou Google sur des sites tiers de e-commerce par exemple. Mais complètement irréaliste.

    Et puis si on compare aux GAFAM susmentionnés, on se retrouve à interroger le modèle d’affaire des futurs fournisseurs. Bien sûr, nos données privées seront en principe non transmises (en principe…). Mais dès lors, comment vont se financer les prestataires d’identité ? Ce ne sont pas des mécènes ; ils veulent gagner de l’argent s’ils assurent une prestation. On peut imaginer que ce soit les citoyen.ne.s qui paient directement. Ça pose évidemment la question d’une identité qui serait à deux vitesses, voire trois, puisque 3 niveaux de sécurité sont prévus par la future loi (avec des tarifs en conséquence). Vous avez les moyens de vous payer le passeport le plus moderne et efficace, doté d’un niveau maximal de sécurité ? Bien. Sinon rabattez-vous sur celui qui est doté d’une sécurité au rabais. Imaginerait-on avoir des passeports papiers « premium » vendus plus chers par des entreprises, et qui vous ouvriraient les portes de prestations supplémentaires ? Inadmissible.

    Sinon, le financement peut provenir de la Confédération. Mais on serait dans ce cas dans le même système qu’un appel d’offre standard. Pourquoi dès lors se délester de la capacité à gérer directement, avec l’entreprise mandatée ? Nous le faisons actuellement avec les entreprises qui produisent le plastique de nos cartes d’identité (non, ce n’est pas la Confédération) ou celles qui fournissent les serveurs hébergeant nos données (en mains des autorités publiques). Et puis, ne figure aucun élément d’appréciation : combien cela coûtera-t-il ?

    Parce que le modèle d’affaire n’est peut-être pas celui-là. « C’est gratuit ? C’est vous le produit ». Eh oui. Si les futurs fournisseurs d’identité ne sauront pas grand-chose sur vos données intimes, elles pourront néanmoins bénéficier d’un contact, d’une traçabilité de vos transactions, etc… Des données qui ne pourront pas être gardées très longtemps, mais qui seront néanmoins dûment monétisées. Souhaitons-nous vraiment que des entreprises (assurances par exemple, déjà nombreuses à soutenir la loi sur l’e-ID), fassent du « data broking » avec nos demandes de prestations sociales ou nos offres d’emploi? Sans parler qu’à terme, ce passeport électronique pourrait nous permettre de voter et qu’une de ces entreprises peut tout aussi bien être une filiale d’une multinationale sise dans une dictature. Selon la loi toutefois, les fournisseurs ne sont pas autorisés à exploiter commercialement «les données générées par une application de l’e-ID ni les profils d’utilisation basés sur celle-ci». Pourtant, les données sont conservées pendant six mois. Le principe de l’économie des données voudrait pourtant qu’elles soient supprimées immédiatement. Mais surtout, une solution vraiment intelligente s’inscrirait dans le principe du «Privacy by Design», soit choisir une architecture de système dans laquelle ces données n’accèdent pas à un endroit central. Car une personne qui s’enregistre sur une plate-forme est ensuite traçable en continu, sans difficulté. On peut aisément constituer sur cette base le profil de votre personnalité (technique du « profilage »), de manière à vous proposer des services « adaptés » ou vendre ces informations à d’autres. On dit souvent que les données c’est l’or du 21ème siècle ! La majorité des personnes ne se rendent pas compte qu’à chaque click sur le net on laisse une trace, qui peut être stockée, regroupée avec les autres traces laissées précédemment, analysée, revendue … à votre insu ! Qui lit réellement les « Conditions générales » d’un site avant de cliquer sur « accepter » ? Par exemple à chaque mise à jour du logiciel de votre smartphone ? Ou de chaque application fort utile ou sympathique que vous téléchargez ? Ou de chaque site de e-commerce fort bien construit ? Ce ne sont donc pas forcément vos données personnelles qui sont monnayées, mais bien vos affinités, vos comportements sur le net, vos habitudes, vos relations et donc… votre identité !

     

  • e-ID : quels enjeux ?

    Nous voterons le 7 mars sur le projet de loi fédérale sur l’identité numérique. Une loi pour laquelle le Conseil fédéral a opéré un choix radical en donnant la possibilité à des entreprises privées de délivrer des passeports suisses numériques (e-ID). En 2020, formellement, j’ai repris la responsabilité des services informatiques de la Ville de Genève et fait figurer la transition numérique dans le nom du département. Par ceci, j’ai surtout voulu signifier l’importance du portage politique d’une démarche que j’avais déjà entreprises depuis plusieurs années, à savoir la volonté d’une transition numérique responsable, audacieuse et créative pour le secteur public. C’est dans l’esprit de cette transition que j’aimerais développer quelques courts billets de blog autour des enjeux de cette identité numérique.

    1er constat, partagé d’ailleurs par un journaliste du Temps du 1er février : parmi les enjeux des votations du 7 mars, celui de ce futur passeport numérique manque singulièrement de débat politique. Pourtant, les enjeux nous concernent toutes et tous. Ils déploieront aussi des conséquences sur un temps très long.

    Pourquoi cette absence (relative) de débat ? C’est le chapitre que je souhaite aborder avec ce texte. Les autres suivront successivement jusqu’au 7 mars.

    En échangeant autour de moi et avec les services municipaux de la Ville de Genève, je constate qu’il y a certainement une mécompréhension. Nous avons en effet déjà plusieurs solutions d’identification (plus ou moins performantes, d’ailleurs) qui permettent par exemple d’accéder à des services publics (inscrire son enfant au parascolaire, réserver un terrain de sport ou un livre dans une bibliothèque) ou privés (on pense bien sûr à tout le domaine du e-commerce, mais aussi aux identifications bancaires plus sécurisées par exemple). Ces identifications gagneraient assurément – pour les collectivités publiques genevoises – à pouvoir être harmonisées. Qu’on puisse accéder avec un même identifiant aux différents services de l’Etat par exemple.

    A contrario, pour le secteur privé, nous avons déjà des « providers d’identité ». Vous pouvez utiliser votre compte Google ou Facebook, pour accéder à d’autres services, des achats en magasin par exemple, sans avoir à s’inscrire avec un identifiant spécifique. C’est ce modèle qu’a choisi le Conseil fédéral en déléguant cette tâche à des entreprises privées. On y voit naturellement un gage de flexibilité et une économie de moyens. On peut considérer que c’est un choix naturel et pratique, puisque nous utilisons déjà au quotidien de multiples identifiants.

    En réalité, cela procède d’une très mauvaise compréhension de ce qu’on entend par « passeport numérique ». Celui-ci n’est pas simplement un identifiant nous permettant de réserver un court de badminton (pour cela un login avec un courriel et un code suffisent), ni même ce qui nous permet de nous connecter pour des transactions de e-banking. Il s’agit véritablement de ce qui constituera notre identité officielle numérique. Un équivalent de notre passeport ou notre carte d’identité.

    Dans le futur, nous pourrons signer des initiatives, voter et nous porter candidat.e.s à une élection via ce sésame numérique. Elle nous servira à nous identifier comme légitime bénéficiaire de prestations sociales par exemple. Nous devrons peut-être l’employer pour passer une frontière (geste dont on prend conscience depuis quelques mois qu’il n’est pas forcément anodin). On ne peut donc pas la comparer à un simple login, mais devons la mettre en regard de notre actuel passeport. Un document délivré de manière exclusive par l’Etat, en lien avec les cantons et les communes.

    Je reviendrai ultérieurement sur les questions de protection des données et de business-model, mais souhaitais commencer cette série de blogs par ce rappel du sujet même de la votation du 7 mars. En tout état de cause, ceci montre en tout cas qu’un débat élargi et approfondi est nécessaire sur la meilleure manière d’appréhender notre avenir numérique, individuel et collectif.

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    commentaire supplémentaire ajouté le 4.2.21:
    Je me réjouis de constater les nombreux commentaires suscités par ce billet de blog, qui prouvent qu’un réel débat sur ce projet de loi et plus globalement sur ces enjeux numériques est nécessaires. Quelques précisions: je suis personnellement opposé à ce projet de loi et ma volonté avec ce billet était justement de mettre en évidence la différence fondamentale qui existe entre ce qui constituera notre identité citoyenne officielle, et de simples login d’accès à des services privés.
    Je poursuivrai avec d’autres dimensions problématiques de cette loi, dont les aspects relatifs aux données, au modèle d’affaire ou aux tâches qui devraient rester propres aux collectivités publiques.

    (source: https://www.eid-referendum.ch)

  • Discours du 1er août 2020

    Discours du Maire, prononcé à l’occasion de la fête nationale organisée par la Ville de Genève – seul le prononcé fait foi

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    Madame la présidente du Conseil municipal (Albane Schlechten)

    Monsieur le Conseiller administratif , cher collègue, cher Alfonso,

    Madame la vice-présidente de la section genevoise de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (Patricia Borrero)

    Mesdames et Messieurs les élu-e-s et représentant-e-s des autorités fédérales, cantonales et municipales vivant en Ville de Genève

    Chères habitantes et chers habitants de notre belle villede Genève

    Bienvenue à toutes et tous !

    [En dialecte alémanique]: à tous nos amis originaires de Suisse alémanique, j’adresse mes chaleureuses salutations et vous remercie de votre présence. Comme vous l’entendez, j’ai quelques origines alémaniques et c’est d’autant plus un plaisir de célébrer notre fête nationale avec vous. Mes origines multiples – alémaniques, extra-européennes et surtout romandes ! – sont un bon exemple de la belle diversité qui caractérise notre pays et notre ville.

    Cari amici ticinesi, siamo molto lieti di celebrare con voila nostra festa nazionale. Condividiamo elementi relativialla nostra cultura latina, che si esprime co bene neimomenti conviviali.

    Ladies and gentleman, I would like also to express my warmest welcome wishes to our international guests, reminding that Geneva is proud of being a very diverse and international city, and also aware of the responsibilities it gives to us. I wish you to spend a nice Swiss National Day!

     

    Je suis particulièrement heureux que nous puissions être réunis aujourd’hui pour commémorer ensemble la Fête nationale suisse, ici au cœur du Jardin botanique dont je salue le directeur Pierre-André Loizeau et ses équipes. Une Fête nationale dont on se souviendra à coup sûr comme celle de la lutte contre le coronavirus.

    Je tenais à ce que nous puissions malgré tout honorernotre tradition et rappeler ce qui nous unit, habitantes et habitants de toute la Suisse.

    Le 1er Août est un moment hautement symbolique. Une occasion de nous rappeler ce qui nous unit, la solidarité qui nous anime, l’entraide qui nous cimente. Ces valeurs qui sont cardinales dans notre société et que nous devons, plus que jamais, mettre en exergue dans la situation présente et, surtout, concrétiser sur le terrain, pour toutes et tous.

    C’est pour cette raison que j’ai proposé, cette année, à l’Association suisse des infirmières et infirmiers d’intervenir comme invitée d’honneur de la Ville de Genève, et je remercie sa section genevoise, représentée par Mme Patricia Borrero, d’avoir donné suite à cette invitation. Je tenais à rendre hommage à une des professions dont les compétences ont été et sont toujours vitales pour lutter contre la pandémie qui nous est tombée dessus. Ce n’est pas la seule, bien sûr, mais le fait qu’elle soit principalement féminine et basée sur le soin et l’attention aux autres en font un symbole, un emblème. Je pense aussi aux vendeuses des magasins de première nécessité, aux aides à domicile, au personnel de nettoyage, et à de nombreuses autres.Mais les infirmières et les infirmiers ont été en première ligne pour soulager, soigner, apporter confort et réconfort. Je veux ici les en remercier très sincèrement, en mon nom et au nom des autorités de la Ville de Genève, et insister sur la nécessité de valoriser enfin cette profession.

    Cette Fête nationale ne ressemble à aucune autre, parce que nous avons dû intégrer strictement les consignes sanitaires afin de nous protéger toutes et tous. C’est donc une fête épivardée que nous allons vivre, au cœur des quartiers de la ville. Une fête pour prouver que l’espace public, quand nous nous l’approprions pour en faire un lieu convivial, est un espace où l’on peut se sentir bien les uns avec les autres, en sécurité. Un lieu où l’échange et le dialogue s’épanouissent.

    Les arts de la rue que nous avons conviés pour vous émerveiller, vous faire rire, réfléchir ou même peut-être pleurer d’émotion, incarnent cet esprit festif et rassembleur que nous espérons voir se répandre dans les parcs et sur les places aujourd’hui.

    Dans les années 80, nous avons subitement dû nous plier à l’impératif de l’amour safe, quand le sida s’est répandu et a frappé si injustement, si brutalement. Aujourd’hui, nous allons devoir inventer la fête safe.Toutes les questions qui se sont posées à l’époque, les angoisses et les discriminations contre lesquelles la société a dû mobiliser ses forces et ses ressources, sont de retour.

    Nous traversons une période instable, inconfortable, dangereuse même sous certains aspects. Les conséquences de cette pandémie ne sont pas seulement sanitaires, elles sont économiques, sociales, politiques, humaines, et elles vont durer. Aujourd’hui, c’est en veillant à rester solidaires les uns des autresque nous pourrons continuer notre route, construire notre avenir. C’est en appliquant ce qui fait la force de notre pays, notre capacité à travailler ensemble, notre recherche du compromis, notre ouverture et notre tradition d’accueil et d’attention aux plus faibles, quenous pourrons nous réinventer et faire face aux défis d’aujourd’hui et demain, la pandémie bien sûr, mais aussi l’urgence climatique ou la montée des inégalités.

    Je tiens à remercier les artistes qui jouent aujourd’hui, pour vous. Celles et ceux qui font vivre les arts et la culture ont été extrêmement fragilisés avec cette crise, étant le premier domaine qui a subi de fortes restrictions, et qui sera probablement le dernier à en sortir complètement. Ils ont clairement besoin d’un soutien fort et affirmé des collectivités publiques, afin de préserver ce savoir-faire. Je salue la force et la créativité qui leur permettent d’inventer des univers nouveaux, de nous montrer que le monde auquel nous aspirons est possible. Que ce quotidien qui change sans cesse peut être apprivoisé. Comme le disait Samuel Beckett, « il n’y a que l’éphémérité qui dure ».

    Je remercie également Stéphanie Gautier et Antoine Frammery qui ont relevé le défi de vous proposer, en un temps record, une programmation COVID compatible bien sûr, adaptée à tous les âges. Une programmation qui n’a rien de lisse ou de consensuelle, vous l’avez peut-être déjà expérimentée cet après-midi.

    Un grand merci encore à toutes celles et tous ceux qui ont pris part à l’organisation et enfin, bien sûr, à vous toutes et tous qui êtes là aujourd’hui.

    Je vous souhaite un très bon 1er Août !

    Vive Genève, vive la Suisse !

  • (re)tisser les fils de notre vivre-ensemble

    Le printemps aura été marqué par le confinement dû à la crise sanitaire. Avec l’été, les activités redémarrent progressivement, mais le domaine culturel reste durement touché. De nombreux festivals ont été annulés, de même que bien d’autres événements. Pour les artistes, mais aussi le personnel actif dans la technique ou toutes celles et tous ceux qui rendent possible la magie de la culture, l’avenir est pour le moins incertain et le présent toujours difficile.

    Divers soutiens exceptionnels ont été débloqués par les collectivités publiques, ainsi que la garantie de toutes les subventions publiques au domaine. Mais ça ne suffira pas. J’ai donc souhaité réaffecter une partie des budgets non-utilisés pour lancer un appel à projet, d’une part, et mandater l’équipe de la Fête de la musique, d’autre part, pour programmer 50 concerts qui ponctueront les soirées estivales du lundi au vendredi, dans différents lieux de la Ville. Des propositions que vous trouverez réunies dès le 1er juillet sur l’app et le site www.geneveenete.ch .

    Car au-delà des aides, les artistes ont besoin d’exercer leur profession. Et le public de se retrouver face à un concert, un spectacle ou une exposition. Pas via un écran, mais pour de vrai.

    Nous devons retisser les fils de notre vive-ensemble et cette offre estivale devrait y participer. Elle n’a pas la prétention de résoudre tous les problèmes. L’effort doit être collectif et se poursuivre, en témoigne l’action « Alerte rouge pour la culture » d’hier soir. Ces moyens mis pour la culture ne sont pas de la charité, mais un investissement pour le domaine culturel. Un investissement qui servira à préserver les compétences extraordinaires dont recèle notre région en la matière. Un investissement social, solidaire et responsable, pour notre qualité de vie et pour notre vivre-ensemble.

    Alerte Rouge - Grand théâtre de Genève

  • Texte de positionnement des magistrat.e.s PS des communes genevoises

    Soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux populations les plus précaires

    Alors que Genève fait probablement face à la pire récession connue depuis les années 1930, les autorités cantonales annoncent un plan d’austérité d’une ampleur sans précédent. Cette politique profondément anachronique renforce le risque d’une crise économique et sociale durable qui détruira les emplois, anéantira nos PME et aggravera la situation des plus fragiles.

    Pourtant, l’Etat n’a pas hésité à s’endetter de près de 3 milliards pour sauver la banque cantonale genevoise alors que les taux d’intérêts avoisinaient les 4% dans les années 2000. Alors que le PIB genevois a quasiment doublé en 20 ans pour dépasser désormais les 100’000 francs/habitant.e.s et que les taux d’intérêts sont devenus nuls ou négatifs, la droite cherche à réduire la dette par tous les moyens en pleine urgence écologique et sociale.

    A l’ère des taux négatifs, le débat classique qui oppose hausse d’impôts et baisse des dépenses publiques n’est pas d’actualité. Dans ce contexte, tout en maintenant une gestion prudente et raisonnable, les pouvoirs publics devraient stimuler l’activité avec la dette qui, exprimée en pourcentage du PIB, sera mécaniquement réduite une fois la croissance retrouvée. C’est la manière la plus pragmatique de fonctionner aujourd’hui : le secteur public a un rôle anticyclique naturel à jouer en soutenant l’investissement dans la transition écologique, en favorisant la consommation dans l’économique locale et en protégeant les populations plus précaires.

    A l’aube d’une crise économique et sociale sans précédent (l’économie genevoise devrait se contracter de plus de 6% en 2020), le plan d’austérité annoncé par la conseillère d’Etat en charge des finances va aggraver la crise économique, accroître le taux chômage et couper dans les prestations publiques. C’est à la fois irresponsable et contraire aux chemins suivis par nos voisins. Par exemple, l’Allemagne pourtant connue pour sa rigueur budgétaire, et pays autrement plus endetté que la Confédération et le canton de Genève, a présenté début juin un plan de relance qui engage, en tout, jusqu’à 1230 milliards d’euros, soit plus de 15’000 € par habitant.e.s.

    Le canton ne peut pas faire comme si la crise sanitaire de ce printemps et ses conséquences n’existent pas. Les seuils de déficits et les mécanismes de gestion financière conjoncturelle inscrits dans la loi sur la gestion administrative et financière ne sont plus adaptés à l’ère post-COVID-19.

    Il est urgent que le gouvernement cantonal se montre à la hauteur de la situation afin d’éviter une catastrophe économique et sociale qu’annonce cette politique d’austérité, et de renoncer à un report massif des charges cantonales sur les communes, sans quoi ces dernières se retrouvent seules à devoir porter le soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux plus précaires. (le plan financier quadriennal du Conseil d’Etat prévoit un report de 90 millions dont 20 millions en 2021).

    Nous, Magistrat.e.s socialistes communaux, nous nous engageons à défendre des budgets responsables, solidaires et à la hauteur de l’effort public nécessaire à enrayer la crise.

    Nous appelons les député-e-s de tout bord à suspendre le frein à l’endettement et au déficit cantonal afin de sortir de cette impasse et donner à notre canton la possibilité de développer des prestations de qualité pour répondre aux besoins de la population, et de ne pas annuler les efforts budgétaires communaux.

     

    Guylaine Antille, Conseillère administrative PS

    Jean-Luc Boesiger, Conseiller administratif PS

    Skander Chahlaoui, Adjoint au Maire PS

    Ornella Enhas, Conseillère administrative PS

    Elisabeth Gabus-Thorens, Conseillère administrative PS

    Sami Kanaan, Conseiller administratif PS

    Carole-Anne Kast, Conseillère administrative PS

    Christina Kitsos, Conseillère administrative PS

    Stéphanie Lammar, Conseillère administrative PS

    Nathalie Leuenberger, Conseillère administrative PS

    Salima Moyard, Conseillère administrative PS

    Michel Pomatto, Conseiller administratif PS

    Martin Staub, Conseiller administratif PS

     

     

Sami Kanaan est Maire de Genève 2014-2015, 2018-2019 et 2020-2021, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, puis de la culture et du numérique, Président de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, Vice-président de l’Union des villes suisses et Président de l’Union des villes genevoises.

suite…

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