Genève ville créative

Le blog de Sami Kanaan

  • Texte de positionnement des magistrat.e.s PS des communes genevoises

    Soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux populations les plus précaires

    Alors que Genève fait probablement face à la pire récession connue depuis les années 1930, les autorités cantonales annoncent un plan d’austérité d’une ampleur sans précédent. Cette politique profondément anachronique renforce le risque d’une crise économique et sociale durable qui détruira les emplois, anéantira nos PME et aggravera la situation des plus fragiles.

    Pourtant, l’Etat n’a pas hésité à s’endetter de près de 3 milliards pour sauver la banque cantonale genevoise alors que les taux d’intérêts avoisinaient les 4% dans les années 2000. Alors que le PIB genevois a quasiment doublé en 20 ans pour dépasser désormais les 100’000 francs/habitant.e.s et que les taux d’intérêts sont devenus nuls ou négatifs, la droite cherche à réduire la dette par tous les moyens en pleine urgence écologique et sociale.

    A l’ère des taux négatifs, le débat classique qui oppose hausse d’impôts et baisse des dépenses publiques n’est pas d’actualité. Dans ce contexte, tout en maintenant une gestion prudente et raisonnable, les pouvoirs publics devraient stimuler l’activité avec la dette qui, exprimée en pourcentage du PIB, sera mécaniquement réduite une fois la croissance retrouvée. C’est la manière la plus pragmatique de fonctionner aujourd’hui : le secteur public a un rôle anticyclique naturel à jouer en soutenant l’investissement dans la transition écologique, en favorisant la consommation dans l’économique locale et en protégeant les populations plus précaires.

    A l’aube d’une crise économique et sociale sans précédent (l’économie genevoise devrait se contracter de plus de 6% en 2020), le plan d’austérité annoncé par la conseillère d’Etat en charge des finances va aggraver la crise économique, accroître le taux chômage et couper dans les prestations publiques. C’est à la fois irresponsable et contraire aux chemins suivis par nos voisins. Par exemple, l’Allemagne pourtant connue pour sa rigueur budgétaire, et pays autrement plus endetté que la Confédération et le canton de Genève, a présenté début juin un plan de relance qui engage, en tout, jusqu’à 1230 milliards d’euros, soit plus de 15’000 € par habitant.e.s.

    Le canton ne peut pas faire comme si la crise sanitaire de ce printemps et ses conséquences n’existent pas. Les seuils de déficits et les mécanismes de gestion financière conjoncturelle inscrits dans la loi sur la gestion administrative et financière ne sont plus adaptés à l’ère post-COVID-19.

    Il est urgent que le gouvernement cantonal se montre à la hauteur de la situation afin d’éviter une catastrophe économique et sociale qu’annonce cette politique d’austérité, et de renoncer à un report massif des charges cantonales sur les communes, sans quoi ces dernières se retrouvent seules à devoir porter le soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux plus précaires. (le plan financier quadriennal du Conseil d’Etat prévoit un report de 90 millions dont 20 millions en 2021).

    Nous, Magistrat.e.s socialistes communaux, nous nous engageons à défendre des budgets responsables, solidaires et à la hauteur de l’effort public nécessaire à enrayer la crise.

    Nous appelons les député-e-s de tout bord à suspendre le frein à l’endettement et au déficit cantonal afin de sortir de cette impasse et donner à notre canton la possibilité de développer des prestations de qualité pour répondre aux besoins de la population, et de ne pas annuler les efforts budgétaires communaux.

     

    Guylaine Antille, Conseillère administrative PS

    Jean-Luc Boesiger, Conseiller administratif PS

    Skander Chahlaoui, Adjoint au Maire PS

    Ornella Enhas, Conseillère administrative PS

    Elisabeth Gabus-Thorens, Conseillère administrative PS

    Sami Kanaan, Conseiller administratif PS

    Carole-Anne Kast, Conseillère administrative PS

    Christina Kitsos, Conseillère administrative PS

    Stéphanie Lammar, Conseillère administrative PS

    Nathalie Leuenberger, Conseillère administrative PS

    Salima Moyard, Conseillère administrative PS

    Michel Pomatto, Conseiller administratif PS

    Martin Staub, Conseiller administratif PS

     

     

  • Un engagement solidaire et responsable, aujourd’hui et demain

    Par Sami Kanaan, Frédérique Perler, Christina Kitsos et Alfonso Gomez, candidat·e·s Socialistes et Vert·e·s au Conseil administratif

    La période de crise extraordinaire que nous vivons actuellement sur les plans sanitaire, humain, social et économique marquera inévitablement un changement historique. La facture sociale et économique est d’ores et déjà colossale. Nous devons, dès aujourd’hui, tout faire pour l’alléger et des premières mesures ont été prises rapidement par les collectivités publiques aux niveaux fédéral, cantonal et municipal. Cet effort collectif devra aussi être l’occasion d’effectuer un bilan lucide de cette crise et de repenser nos priorités.

    Notre capacité de résilience ne dépendra pas seulement de la force de notre solidarité et de notre discipline collective, mais de celles et ceux qui sont au front. Elles et ils se donnent sans relâche pour prendre soin de nous toutes et tous, et pour permettre à la collectivité de continuer à répondre aux besoins vitaux.

    Nous pouvons, et devons, applaudir haut et fort leur engagement. En tant qu’élu·e·s, notre devoir de reconnaissance doit aller bien au-delà. Nous savons à quel point le service public, tout le réseau associatif et les professions féminines sous-payées sont aux premières loges pour faire face à une crise exceptionnelle dans toutes ses dimensions, et pour tenter d’en atténuer ses effets sur toute la population. Après la crise, il sera crucial de relancer de manière équitable, solidaire et durable notre vie collective, en mettant en place des solidarités qui préservent à la fois les êtres humains et notre environnement. En effet, nous vivons déjà depuis de longues années des éléments d’une crise majeure et permanente, due aux excès de l’ultralibéralisme, d’une globalisation effrénée et incontrôlée : urgence climatique, crises économiques, inégalités croissantes, conflits larvés ou déclarés, etc.

    Ce virus accentue les différences sociales et les inégalités. Les ressources pour y faire face ne sont clairement pas réparties de manière équitable. Par exemple, les personnes ayants des lieux d’habitations peu adaptés, partageant peu de pièces à plusieurs, vivent dans des conditions plus difficiles. Comment feront les enfants des familles n’ayant pas les moyens matériels et pédagogiques pour aider leurs enfants pour le suivi scolaire en période de confinement ? Comment feront les personnes isolées ? Comment feront les familles monoparentales pour assurer le télétravail, les courses et les devoirs ? Comment éviter une croissance de la violence domestique et la maltraitance juvénile ? Comment éviter une stigmatisation des jeunes et des aîné·e·s ?

    Et, paradoxalement, certains gouvernements « profitent » de cette période d’état d’urgence pour instaurer des lois d’exceptions, des outils de surveillance généralisée, des restrictions des libertés individuelles, justifiables peut-être, en partie, à court terme mais certainement pas au-delà.

    C’est pourquoi nous tenons à réaffirmer nos valeurs qui fondent le Parti socialiste et les Vert e·s., valeurs plus que jamais d’actualité en ces temps de crise :

    • la promotion d’un service public fort et efficace, doté de moyens en adéquation avec les tâches qu’il doit assumer avec un personnel suffisant ;
    • le soutien au tissu associatif, qui joue un rôle essentiel, complémentaire au service public en matière de solidarité et d’inclusion ;
    • une réelle amélioration des bas revenus et des conditions de travail des branches précarisées, notamment à travers l’instauration d’un salaire minimum ;
    • la collectivisation, en tout temps, aussi bien des pertes que des bénéfices des grandes entreprises ;
    • le soutien à l’économie locale (par exemple à l’agriculture contractuelle de proximité, et la mise en place de circuits de production plus courts, constatant qu’ils sont aujourd’hui trop globalisés) ;
    • une société durable et solidaire.

    A ce jour, nous nous engageons résolument sur les axes suivants :

    A court terme :

    • Pour les travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé qui doivent rester au front, en très grande majorité des femmes, souvent à bas revenus, dont nous dépendons fortement en cette période de crise ; elles et ils doivent voir leurs conditions de travail et leur protection améliorées substantiellement, et de manière durable ;
    • Pour les familles et les ménages en général, incluant les seniors, les jeunes en difficulté, les migrant·e·s récemment arrivé·e·s, les personnes en situation de handicap, les personnes vulnérables, etc., afin qu’elles et ils bénéficient de mesures de soutien effectif, en appui ou en complément aux solidarités naturelles, afin que personne ne reste au bord du chemin (un domaine où l’échelon municipal est en première ligne !) ;
    • Pour les victimes de violences domestiques et de maltraitances, dont l’exigence de confinement exacerbe les risques, par un renforcement des outils de détection et d’intervention ;
    • Pour le maintien du dispositif dédié aux sans-abri ;
    • Pour un rétablissement rapide, dès que possible, du plein exercice des droits démocratiques et du fonctionnement des instances parlementaires.

    A plus long terme :

    • Pour la mise en œuvre aussi large que possible de mesures de relance et d’appui des entreprises de proximité, des entreprises sociales et solidaires, des entreprises non polluantes et responsables socialement et cela sur la base des décisions déjà annoncées par les autorités fédérales, cantonales et municipales ;
    • A revoir, à la lumière du bilan de cette crise, notre préparation effective et notre anticipation des potentielles crises à venir, en termes de santé publique, d’équipements, de dépendance aux chaînes d’approvisionnement à l’étranger, de formation de personnels locaux en suffisance, etc. ;
    • Pour une révision, sur la base de ce bilan, de la manière dont les richesses sont générées, captées et redistribuées, afin que le travail ne doive pas encore et toujours porter seul la charge de l’effort collectif face au capital, aussi en tenant compte de la numérisation accrue des flux de production et de prestations que cette crise va générer, et son impact sur l’emploi ;
    • Pour une réforme durable du système de santé, vers une caisse maladie publique unique ;
    • Pour une accélération rapide du développement des outils numériques au service de l’intérêt général, sur une base transparente, éthique, sécurisée, équitable et démocratique ;
    • Pour la mise en place sans délais d’un plan climat en Ville de Genève qui permettra de faire face aux futurs défis que ne manqueront pas de provoquer les changements climatiques.

    D’une manière générale, nous nous engageons, au-delà de cette crise sanitaire et de ses conséquences, à rappeler que l’urgence climatique et les inégalités sociales restent au cœur de nos préoccupations, en vue d’un monde plus juste, solidaire et durable, auquel les collectivités locales peuvent très activement contribuer.

    Prenez soin de vous et de vos proches, et respectez les consignes : sortez le moins possible ! Et gardons pleinement notre soutien et nos pensées pour celles et ceux qui doivent travailler : personnel soignant et médical, pharmacies, alimentation, logistique, sécurité, nettoyage, poste, conciergeries, etc.

  • Ensemble nous sommes plus fort.e.s !

    La grave crise sanitaire qui nous met toutes et tous à rude épreuve transforme radicalement notre quotidien, nos fonctionnements ainsi que ce que l’on croyait être des acquis individuels et collectifs, aussi bien dans notre vie privée que dans nos engagements professionnel ou politique. Cette crise exige de chacune et de chacun de s’engager pour la collectivité selon ses compétences et ses ressources ; d’autant plus quand on est élu municipal.

    Évidemment, il faut d’abord et toujours honorer le travail de toutes celles et tous ceux qui sont au front ; le personnel soignant et sanitaire au sens large, y compris dans les pharmacies, mais aussi le personnel dans les magasins alimentaires et les autres secteurs nécessaires, ceux dans la logistique, la sécurité publique et privée, les transports, la poste, la voirie et le nettoyage, etc. Ces personnes n’ont d’ailleurs pas toujours des conditions adéquates de protection face à ce virus. Les employeurs privés doivent absolument prendre leurs responsabilités et renforcer leurs efforts en la matière ! Enfin, je pense qu’il faut prêter une attention particulière à celles et ceux – y compris les indépendant.e.s ou les employé.e.s précaires – dont le revenu chute brutalement en cette période.

    Une crise qui exacerbe les inégalités

    Comme toujours, les villes sont aux premières loges du quotidien de la population. Les règles générales ne se décident pas au niveau des communes, même pour les grandes villes; elles relèvent de la responsabilité de la Confédération, en cette période d’état d’urgence, et subsidiairement des cantons. Mais nous, à Genève comme dans les autres villes suisses, devons autant que possible adapter vite et bien notre fonctionnement pour répondre aux besoins vitaux de la population en milieu urbain.

    Face à cette crise, encore plus qu’en période « normale », les conditions de travail et de confinement ne sont pas les mêmes pour tous et toutes. Lorsque l’on demande à la population de rester chez soi, une partie d’entre nous peut le faire mais pas tou.te.s ; une partie a plus d’espace ou de ressources que d’autres. Ces situations renforcent les inégalités déjà existantes ; je pense ici aux parents qui doivent faire du télétravail tout en s’occupant de leurs enfants, ou aux personnes vulnérables ou en situation précaire, que ce soit celles à faible revenu, les familles monoparentales, les sans-abri, les migrant.e.s récemment arrivé.e.s, les travailleuses et travailleurs sans engagement fixe ou sur appel, les personnes âgées seules, les personnes en situation de handicap, les personnes qui ont déjà des problèmes de santé… bref, toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soutien. Et certaines statistiques montrent que le télétravail est accessible pour 60% des personnes à haut revenu contre seulement 9% des personnes à bas revenu, dont le métier impose une présence physique sur le lieu de travail.

    Solidarité et responsabilité des collectivités publiques

    Heureusement, de nombreuses solidarités naturelles se sont mises en place, dans les immeubles, dans les quartiers, via les ascenseurs ou les réseaux sociaux, etc. Le rôle d’une ville comme la nôtre doit être de soutenir et compléter ces actions autant que possible, et de veiller à ce que personne ne reste au bord du chemin. En ma qualité de membre de l’exécutif de la Ville, avec mes quatre collègues, nous sommes évidemment « sur le pont » depuis fin février, avec les collaboratrices et collaborateurs de la municipalité, pour répondre à ces besoins prioritaires.

    Sur mandat du Conseil administratif, tous les services de l’administration ont établi des « plans de continuité d’activité » afin de se concentrer sur les missions vitales, en tenant compte des priorités actuelles et des absences dues aux maladies ou au soutien de proches de personnes malades ou vulnérables.

    Du côté de la culture et du sport, tous les événements ont dû être annulés pour des raisons légales afin d’éviter les rassemblements. Mais cet arrêt brutal d’activités a un important coût humain et financier. Dans le département que je préside, mes équipes et moi avons agi rapidement pour accompagner cette suspension d’activités aussi bien dans les théâtres, les salles de sports et les musées, et autres festivals et évènements. Cela a impliqué des arbitrages politiques, notamment sur le maintien des subventions et des commandes, afin de préserver l’existence même du tissu culturel et sportif qui se montre encore plus créatif que jamais. Les questions sont nombreuses, car nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Il faudra ensuite être capable de redémarrer vite et bien : l’action culturelle et sportive sera d’autant plus essentielle à ce moment, même si, aujourd’hui, cela paraît abstrait. J’ai souhaité entamer aussi sans attendre une réflexion sur les actions possibles dans ce contexte, comme renforcer l’offre des bibliothèques en ligne ou via livraison, développer l’offre culturelle en ligne comme évoqué au 19h30 de la RTS ce lundi soir, en fédérant de nombreux musées, festivals, scènes culturelles, autour du hashtag #CultureChezVous.

    Un grand merci à la fonction publique municipale

    Sur le plan municipal, l’enjeu est surtout de donner aux missions essentielles de la municipalité toutes les ressources dont elles ont besoin, notamment dans le domaine de l’action sociale au sens large : service minimal de garde dans la petite enfance et le parascolaire, accueil d’urgence (sans-abri et autres), plan communal de solidarité (par exemple pour les personnes seules et vulnérables, etc.). Ceci peut signifier des réaffectations temporaires de personnel municipal à des tâches indispensables, mais autres que celles exercées en temps normal, tout en préservant bien sûr leur santé et en limitant les risques au maximum. Ce dispositif se met en place ces jours, de même que l’alignement de toutes les ressources de communication au service de ces missions essentielles, des éléments de la chaîne logistique, ou des ressources informatiques (notamment pour le télétravail). Je rends hommage au personnel municipal qui est à pied d’œuvre dans cette période !

    Depuis le déclenchement du dispositif municipal de gestion de crise, le Conseil administratif s’est d’ailleurs réuni fréquemment et demeure en contact permanent pour transposer les instructions fédérales et cantonales au fur et à mesure, mais aussi pour agir en tant que collectivité publique (protection du personnel et des usager.e.s, mesures de soutien à l’économie, mesures sociales auprès des plus précarisé.e.s, mais aussi découlant du confinement, mesures de soutien aux entités subventionnées, mesures de soutien aux parents pour les crèches, informations sur l’adaptation des prestations municipales, etc.). Ce travail doit se faire avec les associations et autres institutions auxquelles je rends aussi hommage.

    Ensemble pour un engagement créatif et pragmatique

    Cette période demande un engagement particulier, à la fois intensif, créatif, humble et pragmatique ! Et il faudra rapidement anticiper l’après-crise, car la facture humaine, sociale et économique sera colossale. Par ailleurs, il faudra en tirer aussi les conséquences sur le plan politique, concernant l’importance du service public et du tissu associatif, les revers de la globalisation, la répartition des ressources et la gestion des inégalités, la nécessité d’utiliser les technologies numériques à bon escient, ainsi que de la capacité à mieux anticiper les crises, qu’elles soient sociales, économiques, climatiques ou sanitaires.

    En attendant, comme le martelait le Conseiller fédéral Alain Berset sur Instagram, Facebook et Twitter : restez chez vous le plus possible ! Ensemble nous devons tout entreprendre pour vaincre cette pandémie ! Ensemble nous sommes plus fort.e.s !

  • Égalité de genre : retour aux sources

    La vague de réactions qu’a suscité la féminisation des panneaux de signalisations et des noms de rues m’incite à affirmer que beaucoup disent vouloir défendre le concept d’égalité de genre aujourd’hui, mais parfois de manière assez incohérente, voire peu sincère. Parfois c’est simplement une incompréhension de ce concept ! Cet engagement doit pourtant absolument se poursuivre, de manière décidée, car le combat n’est de loin pas encore gagné.

    Tant des hommes que des femmes, souvent de droite, mais parfois aussi de gauche, se sont par exemple inquiété.e.x.s de la place qui restera aux hommes suite à l’amélioration de la visibilité des femmes dans l’espace public en Ville de Genève. On peut lire, en autre : « oui…mais, gare aux excès » et « oui…mais, la manière me choque » ou encore on qualifie les projets « d’inutile et dispendieux ».

    Une personnalité politique qui se reconnaîtra peut-être va jusqu’à affirmer que la visibilité donnée aux femmes ne doit pas se faire « au détriment des hommes ».

    Ces réactions, révélatrices d’un état de panique irrationnel, et surtout d’une vraie peur de perdre de la visibilité et de l’espace, donc du pouvoir, me laissent tant perplexe que choqué. Elles constituent paradoxalement la preuve incontestable que ces mesures sont adéquates, utiles et nécessaires. Non suffisantes bien sûr, mais Sandrine Salerno n’a jamais affirmé autre chose que le fait qu’il s’agit d’une action symbolique dans le cadre d’une politique bien plus large de l’engagement municipal pour l’égalité et la diversité, menée depuis des années par le Conseil administratif de la Ville de Genève.

    Historiquement les politiques réformistes soutenant l’existence des femmes dans l’espace public sont attaquées. Elles dérangent car elles remettent en cause la socialisation genrée de nos sociétés, tellement intégrée dans les mentalités que trop de gens ne s’étonnent pas du tout de la place substantielle accordée aux hommes dans plein de domaines et de l’invisibilisation des femmes qui en résulte.

    Il y a à peine plus de 60 ans le vote des femmes semblait inconcevable en Suisse. Il y a encore un peu moins de 20 ans, un exécutif sans membres féminins n’aurait choqué personne. De même, au début dans années 2000, le pourcentage de femmes cadres restait négligeable.

    C’est grâce à des politiques volontairement genrées et des réponses systémiques – changements législatifs, quotas sur les listes, suivi des carrières féminines, encouragements à s’investir, valorisation des temps partiels, solutions de garde pour les enfants, etc. – que la situation commence à s’améliorer.

    Pour chaque poste à responsabilité à repourvoir, chaque rue à nommer et chaque personne à élire, il existe une femme qui est aussi engagée, capable et expérimentée qu’un homme. Antonio Hodgers, en tant que responsable du Département en charge de la nomenclature des rues, rappelait lors de la conférence de presse que l’argument disant « Oui mais il n’y a pas assez de femmes connues pour nommer des rues à leur nom » tombait très vite si on menait une recherche adéquate. C’est de notre responsabilité collective de créer des structures d’opportunités non biaisées pour permettre ce changement.

    En ce 8 mars 2020, il faut rappeler que l’égalité de genre est une revendication réparatrice essentielle qui nécessite une redistribution du pouvoir entre les femmes et les hommes. Ce changement de paradigme peut faire peur à certains mais je suis confiant que, malgré les réticences, c’est la voie à suivre et c’est la voie qui sera suivie. Les femmes comme les hommes ont en réalité tout à y gagner, à ouvrir leur champ des possibles.

    On doit concevoir le renforcement de la position des femmes dans notre société et la réalisation de l’égalité de genre comme un rééquilibrage nécessaire et salutaire pour notre Ville et c’est dans cet esprit que ma collègue Sandrine Salerno et moi avons travaillé ensemble durant les deux dernières législatures. C’est dans ce cadre que sont nés la Semaine de l’Egalité (actuellement en cours, 10ème édition !), le plan d’action Genre & sport, les différentes campagnes de lutte contre le sexisme, le plan de lutte contre le harcèlement de rue, mais aussi que des soutiens ont pu se développer, comme celui au Festival Les Créatives, tellement important sur la scène culturelle. Citons également les actions spécifiques menées par Sandrine Salerno en tant que Maire, comme cette collaboration avec le collectif l’Escouade autour des noms de rue. Tout ceci et nombre d’autres actions, s’inscrivent dans une politique municipale de promotion de l’égalité et de la diversité qui a été exemplaire et novatrice en tant que collectivité publique et qui l’est toujours.

    En cette journée internationale des femmes, je m’engage à continuer de mener ce combat pour l’égalité entre femmes et hommes en Ville de Genève lors de la législature 2020-25, avec un esprit ouvert et plein d’espoir.

    Je souhaite un magnifique et combatif 8 Mars à vous tout.e.x.s

     

  • Nous avons la responsabilité d’offrir la possibilité d’un avenir à chaque enfant

    Le lundi 13 janvier, un groupe de militant.e.s et des jeunes mineurs non-accompagnés sans domicile fixe, ont investi la Maison des arts du Grütli. Un geste destiné à attirer l’attention sur une problématique trop longtemps ignorée, ou tout cas largement sous-estimée. Un geste un peu désespéré face à une situation inacceptable, voyant des adolescents mineurs dormir dans la rue ou dans des conditions qui ne pouvaient plus durer.

    Une occupation qui a réussi. Elles et ils ont réussi à attirer l’attention sur la situation de ces jeunes, dont le statut est clairement protégé par la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant, dont nous venons de marquer les 30 ans en novembre 2019. Vendredi, grâce à l’engagement exceptionnel des équipes de la Ville de Genève (mon département et celui de ma collègue Esther Alder, en charge de l’action sociale), avec l’appui précieux d’Olivier Baud, ancien secrétaire général de la FOJ comme expert et médiateur, nous avons pu trouver un lieu temporaire sûr où dormir pour ces jeunes gens, et leur éviter de dormir à la rue. Ils ont pu être officiellement enfin enregistrés au SPMI. Une rencontre a pu être agendée avec la Délégation compétente du Conseil d’Etat.

    Mais ce n’est aucunement une solution. Si l’occupation a pris fin, ce qui est en soi positif car le Grütli n’était certainement pas un lieu adéquat pour héberger des mineurs dans la durée, nous restons mobilisés pour qu’il leur soit proposé un encadrement pédagogique et des lieux d’hébergement adaptés et durables. Comme cela a toujours été précisé, et alors que la Ville fournit déjà un effort de plus 12 millions de francs par année pour l’accueil d’urgence des sans-abris, l’enjeu des MNA est clairement du ressort des autorités cantonales. Le Collectif a démontré sa détermination à faire avancer cette cause et sa volonté à travailler de concert pour trouver des solutions. J’espère vivement que le Conseil d’Etat saura la saisir au bond, prendre ses responsabilités et mettre les moyens nécessaires pour que plus aucun jeune mineur ne se retrouve laissé à lui-même.

    Une position qui est d’ailleurs valable aussi bien pour les migrant.e.s que pour toutes et tous les jeunes qui habitent à Genève. L’enjeu n’est pas seulement un logement décent, besoin existentiel pour tout être humain, mineur ou pas. La formation est une étape qui détermine souvent toute notre vie. Il est de notre responsabilité de contribuer à leur donner la possibilité de se construire un avenir.

    (photo Jasmine Caye)

Sami Kanaan est Maire de Genève 2014-2015, 2018-2019 et 2020-2021, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, puis de la culture et du numérique, Président de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, Vice-président de l’Union des villes suisses et Président de l’Union des villes genevoises.

suite…

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